Je suis né, quelques minutes après mon frère jumeau dans un hôpital de Rio. Notre mère biologique, une française trop jeune, trop fauchée, où je ne sais quoi nous a … enfin elle a accouchée sous X quoi. Et pour être franc, je n’ai jamais voulu savoir qui était la femme qui était à l’origine de Liam et moi. Pour la simple et bonne raison que deux anges gardiens nous ont sauvé la vie. Ahah, c’est bizarre dis comme ça, n’est-ce pas ? Mais sachez que Liam et moi avons été élevés par deux femmes, ici, à Buenos Aires. Bien sûr, ça n’a pas été facile tous les jours. Mon frère et moi voyions nos camarades avec un papa, et une maman. Et nous étions les seuls petits garçons à avoir deux mamans. Alors forcément, les questions fusaient. « Moon, pourquoi lui il a un papa ? » « Ouais c’est vrai, moi j’en ai pas ! » « Et moi non plus d’abord ! » Alors Kiara (qu’on appelle moon, du coup) nous souriait et nous expliquait le pourquoi du comment.
Evidemment, les moqueries n’étaient pas minimes, mais Liam ne se laissait jamais faire. Il n’hésitait pas à frapper celles et ceux qui osaient se moquer de lui, de moi, de nos mamans. De notre petite bulle de bonheur.
Petits déjà, nous étions l’opposé l’un de l’autre. Lui, hyperactif, nerveux, et violent et moi, plutôt calme, et discret. Pour autant, nous avions un point commun : les notes plus qu’excellentes.

Au lycée, j’ai rencontré Jodie. Une fille âgée d’à peine quinze ans. Malgré ma timidité et malgré son énergie débordante, on a réussit à construire quelque chose ensemble. Au point qu’elle tombe enceinte de moi. Je n’ai pas fuis, je l’aimais trop. J’étais prêt à tout pour elle, stopper mes études, me trouver un petit travail. J’étais vraiment prêt à assumer ma propre famille. Mes parents ont bien réagit. Enfin, surtout Kiara, parce que Joy est devenue toute pâle et n’a pas dit un mot. Les siens ont eu du mal à avaler la pilule, mais ils ont finis par s’y faire.
De toute façon, ça n’a pas été trop dur, puisque Jodie et le bébé sont morts dans un accident de voiture. La vie a eu un sale goût amer après ça. Je passais le plus clair de mon temps dans ma chambre à bosser comme un fou. Parce que les études m’empêchaient de penser à toute cette merde. Parce qu’enfermé dans ma chambre je ne voyais plus le visage ensanglanté de ma petite-amie, son dernier sourire malgré la douleur qu’elle devait ressentir. Et que je n’entendais plus son petit « souris-moi » avant qu’elle ne meure dans mes bras.

Quatre ans plus tard, j’en suis là. Etudiant en deuxième année de médecine, renfermé sur lui-même, mais pas asocial non plus. Liam lui, il fait le tour du monde. C’est lui tout craché, incapable de tenir plus de deux semaines au même endroit. Je ne remercierai jamais assez mes deux mères pour le soutien et l’amour qu’elles m’ont apportées. J’évite les relations amoureuses, c’n’est vraiment pas pour moi. Je n’arrive plus à m’accrocher, j’ai si peur de la fin catastrophique que ça pourrait avoir. Alors je me contente de jouer l’élève modèle, toujours premier de ma promo, bien décidé à devenir médecin urgentiste. Je passe le plus clair de mon temps dans ma chambre, ou dans le parc à bosser.